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ne pouvait pas se tromper ; seule la main agitée d’un fils inquiet sonne ainsi.

La porte de la chambre s’ouvrit ; sans prononcer une seule parole, elle lui tendit les bras et ils s’embrassèrent.

Elle avait fait préparer une chaise près de son lit, elle le fit asseoir, et elle sent en face d’elle, après être restée si longtemps sans le voir, l’attendant, le pleurant.

Comme il était changé ! Il avait pâli ; ses traits étaient fatigués, des plis coupaient son front.

Mais elle se garda bien de lui faire part des tristes réflexions que cet examen provoquait en elle ; elle ne l’eût pu qu’en les accompagnant de reproches, et ce n’était point pour lui adresser des reproches qu’elle lui avait écrit et qu’elle l’avait appelé près d’elle.

D’ailleurs, au lieu d’interroger, elle devait pour le moment répondre, car elle, aussi avait changé sous l’influence du chagrin d’abord, de la maladie ensuite, et Léon lui posait question sur question pour savoir depuis quand elle était souffrante, ce qu’elle éprouvait, ce que le médecin disait.

Ils s’entretinrent ainsi longuement, sur un ton également affectueux chez la mère aussi bien que chez le fils, et sans que rien dans leurs paroles, dans leur accent ou dans leur regard fît allusion à ce qui s’était passé de grave entre eux.

Il s’informa de la santé de son père, de celle de sa sœur, de celle de quelques vieux amis, mais il ne parla pas de son beau-frère, prenant ainsi la responsabilité de la plaidoirie de Nicolas.

Le temps s’écoula sans qu’ils en eussent conscience, et, comme la demie après six heures sonnait, la femme