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mandes d’argent, tantôt poliment, « ils savaient bien que paralysé par son conseil judiciaire il ne pouvait pas les payer totalement, mais ce l’était pas la totalité de leurs créances qu’ils demandaient, c’était un simple à-compte » ; tantôt au contraire grossièrement : « Quand on avait assez d’argent pour vivre à ne rien faire, on devait être juste envers ceux qui s’étaient ruinés pour vous. » Et les choses avaient pris une telle tournure qu’un jour Rouspineau était venu annoncer a madame Haupois-Daguillon que si elle le voulait bien il n’attendrait plus M. son fils sur le palier de celui-ci, parce qu’il avait peur d’être jeté du haut en bas de l’escalier.

Ce jour-là, madame Haupois-Daguillon avait jugé que le moment était arrivé d’intervenir personnellement ; elle était, il est vrai, malade et obligée de garder le lit ; mais, loin d’être une condition mauvaise, cela pouvait servir son dessein au contraire ; elle n’avait pas à chercher le moyen de faire faire sa proposition à son fils, elle la lui adresserait elle-même directement, car elle n’admettait pas que Léon, la sachant malade, refusât de venir la voir.

Elle n’avait donc qu’à le prévenir de cette maladie.

Mais, voulant mettre toutes les chances de son côté, elle pria son mari de quitter Paris, et d’aller passer quelques jours à leur maison de Madrid : par cette absence, il n’était pour rien dans sa tentative, ce qui devait dérouter les calculs de Cara ; et d’autre part, si Léon craignait des reproches, il serait rassuré, sachant son père en Espagne.

Ce fut le cœur ému et les mains tremblantes que madame Haupois Daguillon se décida à écrire à son fils après le départ de son mari :