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Dans sa lettre d’un style vraiment ecclésiastique, c’est-à-dire aussi peu clair et aussi peu précis que possible, le curé de Noiseau croyait devoir prévenir « sa bonne dame madame Haupois-Daguillon » qu’une personne fort élégante de toilette, et tout à fait bien dans sa tenue, était venuee lui demander l’extrait de naissance de M. Léon Haupois-Daguillon. Il savait d’une façon indirecte, mais certaine cependant, qu’à la mairie la même personne avait aussi demandé une copie légalisée de l’acte de naissance de M. Léon. Il ne lui appartenait pas de scruter les intentions de cette personne, qui d’ailleurs lui avait laissé une offrande pour les pauvres de la paroisse et pour l’entretien de la chapelle de la très sainte Vierge, mais il croyait néanmoins de son devoir de porter cette demande à la connaissance « de sa bonne dame madame Haupois-Daguillon », afin que celle-ci prît les mesures que la prudence conseillerait, si toutefois il y avait des mesures à prendre, ce que lui ignorait et ne cherchait même pas à savoir. Il regrettait bien de ne pouvoir donner ni le nom, ni l’adresse de la personne en question ; mais cette personne, qui avait quelque chose de mystérieux dans les allures, était venue elle-même commander et prendre ces actes, de sorte qu’il avait été impossible, malgré certaines avances faites à ce sujet, d’obtenir d’elle ce nom et cette adresse : c’était même la réserve dont elle avait paru vouloir s’envelopper qui avait donné à penser au curé de Noiseau que « sa bonne dame madame Haupois-Daguillon » devait être avertie.

Il n’avait pas fallu de grands efforts d’imagination à M. et à madame Haupois Daguillon pour comprendre que « cette personne fort élégante de toilette, tout à