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familles éperdues, qui n’ont plus de secours à attendre de personne, s’adressent à nous comme à la Providence, ou plus justement comme au diable. Je ne connaissais pas alors cette Hortense, ou tout au moins je ne savais d’elle que fort peu de chose, enfin je ne l’avais vue ! Je fis prendre des renseignement sur elle, et ceux que j’obtins furent d’une telle nature que je m’imaginai, — j’étais, bien entendu, plus jeune que je ne suis, — je m’imaginai que si le duc connaissait ces notes, il quitterait immédiatement sa maîtresse, si grand que pût être l’amour qu’il ressentait pour elle.

— Et vous avez toujours ces notes ? demanda M. Haupois-Daguillon.

— Je les ai. Vous comprenez que je n’eus pas la naïveté de les lui communiquer tout simplement. Des rapports de police ! on ne croit que ceux qui parlent de nos ennemis ; comment un amant épris aurait-il ajouté foi à ceux qui parlaient de sa maîtresse ? Il fallait quelque chose de plus précis. Je fis cacher le duc derrière ce rideau, cela ne fut pas très-facile ; mais enfin j’en vins à bout, et lorsque mademoiselle de Lignon, — c’est Cara que je veux dire, — arriva, je racontai à celle-ci sa vie entière, avec pièce à l’appui de chaque fait allégué ; de telle sorte qu’elle ne put nier aucune de mes accusations. Vous sentez que c’était pour le duc que je racontais, et comme sa maîtresse était contrainte par les preuves que lui mettais sous les yeux de passer condamnation à chaque fait, il était à croire, n’est-ce pas, que M. de Carami serait édifié quand j’arriverais au bout de mon récit. Je n’y arrivai pas. À un certain moment, Cara dont les soupçons avaient été éveillés par le ton dont je lui parlais et