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— Voulez-vous me permettre de vous montrer, pour le cas où vos réflexions seraient longues, que Léon peut attendre sans être trop malheureux ?

Et, souriante, légère, elle le promena dans son appartement, le salon, la salle à manger, même le cabinet de toilette :

— Voilà mon arsenal, dit-elle ; vous Voyez qu’il est vaste ; pour nous autres, c’est la pièce la plus importante de notre appartement.

Et elle se mit à lui ouvrir ses armoires, ses tiroirs, lui montrant ce qui lui restait de bijoux et de curiosités. Pour cela, elle venait à chaque instant s’asseoir près de lui, sur un sopha, et il était impossible de déployer plus de gracieuseté, plus de chatteries qu’elle n’en mettait dans ses paroles et dans ses mouvements ; elle eût voulu séduire Byasson qu’elle n’eût pas été plus aimable.

Pendant quelques instants, il la regarda en souriant, ils étaient l’un contre l’autre, les yeux dans les yeux.

— À quoi donc pensez-vous ? demanda-t-elle avec câlinerie.

— Je pense que si j’étais le père de Léon, je vous étranglerais là sur ce sopha comme une bête malfaisante.

Elle se releva d’un bond, puis se mettant bientôt à rire :

— Évidemment ce serait économique, mais ça ne se fait plus ces choses-là : au revoir cher monsieur ; je prends votre boutade pour un compliment.