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Le jour où une indistrétion serait commise ils ne payeraient plus.

Fatigué, agacé de voir qu’il n’obtiendrait rien de Léon, Byasson voulut risquer une tentative auprès de Cara, et il lui écrivit pour lui demander une entrevue.

Si Cara ne voulait pas que Léon fût exposé aux attaques amicales de Byasson, qui pouvaient l’émouvoir et à la longue l’ébranler, elle n’avait pas les mêmes craintes pour elle-même. D’avance elle bien certaine de ne pas se laisser toucher, si pathétique, si entraînante que fût l’éloquence de Byasson ; c’est au théâtre qu’on voit les Marguerite Gauthier se laisser prendre aux arguments d’un père noble et se contenter d’un baiser, « le seul vraiment chaste qu’elles aient reçu », pour le paiement de leur sacrifice ; dans la réalité les choses se passent d’une façon moins scénique peut-être, mais à coup sûr plus sensée. D’ailleurs, elle avait intérêt à voir Byasson et à apprendre de lui combien M. et madame Haupois étaient disposés à payer la liberté de leur fils.

Elle donna donc à Byasson le rendez-vous que celui-ci lui demandait, et, pour être sûre de n’être point dérangée, elle envoya Léon à la campagne.

Byasson arriva à l’heure fixée, et, pour la première fois, cette porte, à laquelle il avait si souvent sonné, s’ouvrit toute grande devant lui.

Cara était dans sa chambre, et, comme une bonne petite femme de ménage, elle s’occupait à recoudre des boutons aux chemises de Léon, dont une pile, revenant de chez le blanchisseur, était placée devant elle sur une table à ouvrage ; ce fut donc l’aiguille à la main, travaillant, que Byasson la surprit.