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— Sais-tu ce qu’il m’a proposé ? continua-t-elle. Tout d’abord, et pour la centième fois, de redevenir pour lui ce que j’étais il y a quelques années ; puis, quand il a été bien convaincu que je n’y consentirais jamais, il m’a tout simplement demandé d’être sa femme, sa vraie femme, c’est-à-dire devant le maire.

— Et tu as répondu ? demanda-t-il d’une voix mal assurée.

— Que je réfléchirais ; car enfin la chose mérite d’être pesée. Être la femme de Salzondo n’est pas plus sérieux que d’être sa maîtresse ; seulement, on a un mari, une position dans le monde, une belle fortune ; et tout cela c’est quelque chose. Tu me diras que ce n’est rien quand on aime et qu’on est aimée ; cela est vrai, mais il faut remarquer qu’un pareil mariage n’empêche pas d’être aimée par celui qui est maître de votre cœur et d’être à lui corps et âme. De plus, ce mariage, s’il se faisait, te permettrait de te réconcilier avec ta famille, et c’est là encore une considération d’un poids considérable. Combien de fois, pensant à cette rupture, je me dis que, si jamais tu cesses de m’aimer, ce sera elle qui te détachera de moi : femme de Salzondo…

— Hortense ! s’écria-t-il en se levant avec colère.

Alors elle aussi se leva et, le prenant dans ses deux bras :

— Tu me tuerais, n’est-ce pas ? dis-moi que tu me tuerais si j’étais assez misérable pour écouter de pareilles considérations. Mais, sois tranquille, si je sais voir où est la sagesse, je ne puis aller que là où est l’amour.

Et tout de suite ouvrant son buvard, elle se mit à écrire :