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qui n’a pas la conviction d’avoir accompli un miracle.

Léon s’installa auprès du lit de Cara, et celle-ci lui ayant pris la main, qu’elle garda dans la sienne, ils restèrent ainsi assez longtemps sans parler ; malgré le désir qu’il en avait, Léon n’osait l’interroger, le médecin ayant prescrit le repos et le calme.

Enfin, Cara se trouva assez bien elle-même pour prendre la parole :

— Pauvre ami, dit-elle, comme je suis heureuse que tu sois revenu ! c’est ta voix qui ma ressuscitée ; je crois bien que j’étais en train de mourir ; je ne soufrais pas, je ne sentais rien, je ne voyais rien ; je serais peut-être restée longtemps, toujours dans cet état, si tout à coup ta voix n’avait retenti dans mon cœur, et alors il m’a semblé que je me réveillais ; comme tu as été bien inspiré de revenir !

— Je n’ai pas été inspiré ; je suis revenu parce que Louise m’a écrit que tu étais malade.

— Comment, Louise ?

— Elle m’a écrit parce qu’elle était effrayée, et elle m’a dit de venir tout de suite.

— Je comprends qu’elle ait été effrayée. Après ton départ, j’ai pensé à ce que tu venais de me dire, et je me suis imaginé, pardonne-moi, que ton ami Byasson allait si bien te prêcher et te circonvenir que nous ne nous verrions plus. Alors, j’ai été prise d’un anéantissement, mon cœur a cessé de battre, mes yeux ont cessé de voir, j’ai poussé un cri, Louise est accourue et je ne sais plus ce qui s’est passé : quand j’ai recouvré la vue, j’ai rencontré tes yeux.

— C’est pendant cette syncope que Louise effrayée