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cierge, dont le cœur ne serait pas pourri et gangrené.

— C’était à mon père qu’il fallait l’adresser, ce discours, quand j’aimais Madeleine.

— Je l’ai fait.

— Et vous n’avez point été écouté, pas plus que je ne l’ai été moi-même ; vous Voyez donc bien que ce n’est pas seulement leur caisse que mon père et ma mère veulent mettre à l’abri de mes prodigalités, c’est encore mon cœur qu’ils veulent protéger contre mes égarements, c’est ma vie qu’ils veulent prendre pour la diriger au gré de leurs idées, de leurs intérêts, de leur sagesse. Eh bien, je me suis révolté, et puisqu’on m’avait empêché de prendre pour femme, une jeune fille digne entre toutes de respect et d’amour, auprès de laquelle saurais vécu heureux dans ma famille, tranquillement, sans autres émotions que celles du bonheur et de la paix, j’ai pris pour maîtresse une femme qui a été assez habile, non pour me faire oublier celle que j’ai aimée, celle que j’aime toujours, car rien n’effacera de mon cœur le souvenir de Madeleine, mais pour me consoler. Et pour cela, j’en conviens, il fallait en effet que son art fût grand, très-grand. Mais pour tout le reste, ne croyez rien de ce que vous venez de dire, rayez la cantharide et la flanelle, ce n’est pas par là qu’Hortense me tient comme vous le pensez. Vous avez beaucoup trop d’imagination, et cette imagination n’est plus jeune, ce qui fait qu’elle va chercher de savantes complications là où les choses sont bien simples. Quand j’ai fait la connaissance d’Hortense, j’ai obéi à un caprice : elle me plaisait, voilà tout. Mais bientôt j’ai appris à la connaître, et j’ai vu qu’elle valait mieux, beaucoup mieux qu’un caprice.