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malles son linge, ses vêtements, ses livres au moins une partie de ses livres ; on a porté le tout dans une voiture, et avant de partir M. Léon a dit à Joseph de m’apporter la clef de son appartement ; alors j’ai cru que je devais prévenir monsieur et madame.

Jacques ayant achevé ce qu’il avait à dire, sortit laissant ses deux maîtres écrasés.

Ils se regardaient, n’osant ni l’un ni l’autre exprimer les pensées qui les étouffaient, lorsque leur ami Byasson entra, venant comme tous les jours leur serrer la main et prendre une tasse de café avec eux ; s’il avait été fidèle à cette coutume amicale pendant vingt années, il l’était plus encore depuis l’absence de Léon ; quand ses amis étaient heureux, il venait les voir quand ses occupations le lui permettaient ; maintenant qu’ils étaient malheureux, il venait avec la régularité qu’inspire l’accomplissement d’un devoir.

Du premier coup d’œil il comprit qu’il arrivait au milieu d’une crise ; mais on ne lui laissa pas le temps de poser une seule question. En quelques mots, madame Haupois-Daguillon lui rapporta ce que Jacques venait de leur dire.

— Et qu’avez-vous décidé ? demanda-t-il.

— Rien ; nous ne savons à quel parti nous arrêter.

— Mon mari parlait d’écrire, mais où voulez-vous qu’il adresse cette lettre ? Chez cette femme, est-ce possible ?

— Si je ne puis pas écrire à mon fils chez cette femme, je puis encore bien moins aller l’y chercher, dit M. Haupois.

— Ce n’est pas vous, continue Byasson, qui devez l’aller trouver, c’est moi, et j’irai. Sans doute on pour-