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Mais la vente avait eu lieu et le brave garçon n’était pas revenu à la maison paternelle comme on l’espérait ; ou plutôt, s’il était revenu rue de Rivoli, ce n’avait point été pour y rester et y reprendre son domicile : tout au contraire.

Un matin que M. et madame Haupois-Daguillon déjeunaient rue Royale comme ils le faisaient chaque jour, ils avaient vu entrer leur vieux valet de chambre, Jacques, avec une mine effarée.

Le père et la mère, qui n’avaient qu’une pensée dans le cœur, avaient senti tous deux en même temps qu’il s’agissait de leur fils ; et, comme Saffroy était à table avec eux, ils avaient fait un même signe à Jacques pour qu’il ne parlât pas. Saffroy était trop fin pour n’avoir pas saisi ce signe, et bien qu’il eût le plus vif désir de savoir ce que Jacques venait annoncer, car il avait bien deviné lui aussi qu’il s’agissait de Léon, il avait quitté la table pour rentrer au magasin.

— Eh bien, Jacques ?

Ce fut le même est qui s’échappa des lèvres de M. et de madame Haupois-Daguillon.

— M. Léon est venu il y a environ deux heures à son appartement ; par malheur, je ne l’ai pas vu entrer, car je serais accouru pour prévenir monsieur et madame.

— Alors, comment l’avez-vous su ?

— C’est Joseph qui, tout à l’heure, est venu me le dire. M. Léon a donné congé à Joseph et il l’a payé.

Le père et la mère se regardèrent avec inquiétude.

Jacques, qui s’était arrêté un moment, comme s’il n’osait continuer, reprit bientôt :

— Ce n’est pas tout : M. Léon a fait mettre dans des