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c’était lui qui payait le loyer, lui qui payait toutes les dépenses, et l’argent avec lequel il ferait ses paiements lui avait coûté assez cher pour qu’il le considérât comme lui appartenant. Sa conscience était donc en repos ; en tout cas il pouvait trouver des arguments pour la calmer lorsqu’elle avait des velléités de protestation ou de révolte, ce qui, à vrai dire, arrivait assez souvent.

Pendant ce temps M. et madame Haupois-Daguillon, pleins de confiance en ce que Favas leur avait dit, et aussi en ce que leur gendre, le baron Valentin, leur avait répété, attendaient leur fils et, pour sa rentrée, M. Haupois-Daguillon avait, avec sa femme, préparé une petite allocution dont l’effet, croyaient-ils, devait produire un heureux résultat :

— De ce que tu as été entraîné à des actes de prodigalité que nous avons dû, bien malgré nous, arrêter, il ne s’en suit pas que nous recourrons contre toi à des mesures de rigueur. Il n’y aura qu’une chose de changée dans notre situation, tu continueras donc de toucher ta pension comme par le passé et aussi tes appointements ; seulement comme nous désirons que tu prennes une part plus active dans la direction de notre maison, nous augmentons ta part d’intérêt, nous la portons à 10 pour 100, certains à l’avance que par ton assiduité au travail tu voudras justifier notre confiance.

Ce petit discours débité simplement, amicalement, bras dessus, bras dessous en se promenant, en ami indulgent plutôt qu’en père justement irrité, devait être selon eux tout à fait irrésistible.

Cependant ce n’était pas tout ; la mère, elle aussi, aurait quelque chose à dire à son fils, amicalement ; tendrement :