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Notre loyer n’est pas cher ; je n’aurai pas besoin de toilette avant deux ans ; Louise sera notre seule domestique, car elle a bien voulu apprendre la cuisine, et tu as vu ce soirqu’elle aura avant peu un vrai talent de cordon bleu ; nous ne dépenserons presque rien, douze ou quinze mille francs peut-être par an, et encore ce sera beaucoup. Tu vois donc que nous pouvons ne pas nous inquiéter, et nous aimer librement, sans autre souci que de nous rendre heureux l’un l’autre, comme… mieux que comme mari et femme.

Alors se levant avec un sourire et se posant devant lui gravement, les épaules effacées, la tête haute, d’un air majestueux :

— M. Léon Haupois-Daguillon ici présent, permettez-vous à votre maîtresse, à votre esclave de vous rendre heureux ? répondez, je vous prie, comme vous répondriez à M. le maire, oui ou non.

Il la prit dans ses bras, mais presque aussitôt elle se dégagea :

— Comme j’avais prévu ta réponse, j’ai disposé à l’avance ce qui, selon mon sentiment, devait, en satisfaisant les idées, te plaire. Veux-tu me suivre ?

Elle prit la lampe et marcha devant lui. La pièce qui faisait suite au salon était la chambre à coucher, exactement meublée, aux d’unensions près, comme au boulevard Malesherbes ; puis après cette chambre en venait une autre assez grande qui avait été transformée en un cabinet de toilette qui était le même aussi que celui du boulevard Malesherbes.

Il semblait que c’était là que finissait l’appartement ; cependant Cara ouvrit une porte dans une armoire et dit à Léon de la suivre.