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terie brillait, les cristaux réfléchissaient par leurs facettes la douce lumière de la lampe ; sur le poêle, dans une jardinière placée devant la fenêtre, sur le buffet, des fleurs fraîches et odorantes étaient arrangées avec goût dans des mousses veloutées.

Le menu n’était composé que de trois plats, poisson, rôti et légumes, mais ces plats bien préparés étaient ceux précisément que Léon préférait ; aussitôt après les avoir placés sur la table et avoir changé le couvert, Louise sortait de la salle, de sorte qu’ils dînaient en tête à tête comme deux amants enfermés dans un cabinet particulier.

Comme ils finissaient le dessert, le timbre du vestibule retentit ; alors Cara se levant sortit vivement ; mais, testant peu de temps absente, elle revint prendre le bras de Léon pour le conduire dans le salon, où, sur un petit guéridon, deux tasses étaient préparées, flanquant une boîte de cigares.

Elle lui versa, elle lui sucra elle-même son café, puis allumant une allumette en papier à la lampe, elle la lui présenta ; ce fut alors seulement qu’elle s’assit sur le canapé auprès de lui, tout contre lui.

— Maintenant, dit-elle, c’est le moment de parler raison et de régler nos comptes.

Alors tirant de sa poche une grosse liasse de billets de banque, elle la posa sur le guéridon :

— 27, 000 francs et 67, 000 francs, cela fait 94, 000 fr., n’est-ce pas ? dit-elle, c’est-à-dire ce que tu as bien voulu me prêter : les voici, c’est à toi qu’il appartient maintenant de nous les distribuer avec économie ; sois certain qu’en cela je t’aiderai et que cet argent durera longtemps. J’ai déjà pris mes arrangements pour cela.