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Pendant que les commissionnaires de l’hôtel des ventes déménageaient l’appartement du boulevard Malesherbes, et pendant que, de leur côté, les tapissiers aménageaient l’appartement de la rue Auber, Cara et Léon, pour échapper à ces ennuis, passaient quelques jours à Fontainebleau, se promenant sentimentalement dans la forêt, seuls, en tête à tête, oublieux du passé et se jetant passionnément dans les jouissances de l’heure présente.

Ce fut à Fontainebleau que Cara reçut la lettre de son commissaire-priseur, lui annonçant que le produit de sa vente s’élevait à 319, 423 francs. Elle n’en dit rien à Léon, et ce fut seulement quand le tapissier la prévint que tout était prêt dans l’appartement de la rue Auber qu’elle parla de revenir à Paris.

Elle avait voulu s’occuper seule du choix et de l’arrangement de ce nouvel appartement, et ce devait être une surprise pour Léon d’y faire son entrée pour la première fois.

C’en fut une en effet, ou, pour mieux dire, la soiréefut remplie pour lui par une série de surprises.

Partis de Fontainebleau dans l’après-midi, ils étaient arrivés à Paris pour l’heure du dîner, et à peine entrés dans le salon, avant même d’avoir pu visiter l’appartement, Louise était venue les prévenir que le dîner était servi.

— Offre-moi ton bras, dit Cara vivement, et passons dans la salle à manger.

Elle était toute petite, cette salle à manger, et faite pour l’intimité la plus étroite : deux couverts étaient mis sur la table, mais à côté l’un de l’autre, et non en face l’un de l’autre ; le linge était éblouissant, l’argen-