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— Ne vas-tu pas te désoler pour une chose qui, en réalité, n’est qu’une chose d’argent.

— Ce n’est pas pour moi que je me désole, c’est pour toi.

— Pour moi ! Mais tu sais bien que je n’en veux pas, que je n’en ai jamais voulu de ton argent. D’ailleurs, mon plan est fait.

Il la regarda avec inquiétude.

— Tu comprends bien que maintenant nous ne pouvons pas rester dans la même situation.

— Que veux-tu dire ? demanda-t-il avec des yeux de plus en plus inquiets.

— Qu’on ne vit pas exclusivement d’amour, et que, puisque te voilà sans le sou, tandis que moi-même je n’ai que des valeurs… qui ne valent pas grand’chose, il faut que nous prenions une résolution sérieuse.

— Et tu l’as arrêtée dans ton esprit, cette résolution ?

— Je l’ai arrêtée.

— Et c’est cette heure que tu choisis pour me la faire connaître ?

— Il le faut bien.

Alors, voyant par l’inquiétude de Léon les choses au point où elle voulait les amener, elle continua :

— Voici ce que j’ai décidé : continuer à vivre comme je vis actuellement est désormais impossible ; je prends donc une mesure radicale : je vends tout mon mobilier, bijoux, voitures, chevaux ; liquidation générale et forcée comme disent les marchands ; je ne garde que ce qui est indispensable pour meubler un appartement modeste et élégant : salle à manger, petit salon, deux chambres, le strice nécessaire : et c’est dans cet appartement que nous allons nous établir.