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temps pour deviner qu’il venait de se passer quelque chose de grave, et, cela constaté, il ne lui fallut pas longtemps pour obtenir une confession complète.

Il fut bien étonné de voir qu’elle ne manifestait ni surprise ni indignation :

— Dois-je avouer, dit-elle, que, si je ne m’attendais pas à cela, je m’attendais à quelque coup de Jarnac de la part de ton beau-frère, qui n’est entré dans votre famille que pour s’emparer de toute votre fortune. Je le connais, le baron Valentin, la gloire et les gains du tir aux pigeons ne lui suffisent plus, il lui faut la fortune entière de la maison Haupois-Daguillon. Il la veut et il l’aura si tu ne te défends pas vigoureusement : aujourd’hui le conseil judiciaire pour toi, dans un an l’interdiction. Il est habile.

En moins d’une heure elle l’eut convaincu qu’il devait lutter énergiquement contre cette manœuvre, dont ses parents seraient les premières victimes.

Il ne fut plus question que de choisir l’avocat à qui il devait confier sa cause ; mais elle se garda bien de proposer son ami Riolle ; ce n’était pas un avocat comme cet homme d’affaires qu’il fallait, c’en était un qui apportât un peu de son autorité et de sa considération à son client ; elle proposa Gontaud qui réunissait ces conditions.

Léon alla donc voir Gontaud ; celui-ci demanda huit jours pour étudier l’affaire, puis, au bout de huit jours, il répondit : « Qu’il ne plaidait pas des affaires de ce genre » ; et il ajouta avec son sourire narquois : « Allez trouver Nicolas, il vous défendra. »

Cara n’avait pas de préjugés ; bien que Nicolas l’eût traînée dans la boue lors du procès à propos du tes-