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Brazier s’inclina avec une politesse affectée.

— Moralement, c’est beaucoup, mais financièrement, c’est moins, si j’ose me permettre de parler ainsi, car je crois que vous n’avez pas de fortune propre.

— J’ai celle que mes parents me laisseront un jour.

— J’ai l’honneur de connaître M. et madame Haupois-Daguillon, avec qui j’ai fait plusieurs fois des affaires ; ils sont encore jeunes l’un et l’autre, pleins de santé ; ils peuvent vivre longtemps encore.

— Je l’espère.

— J’en suis convaincu ; on ne désire pas généralement la mort de ses parents, seulement… il peut arriver qu’on l’escompte, et ce n’est pas notre cas. Nous sommes donc en présence d’un fils de famille, qui aura une belle fortune un jour, mais qui présentement n’offre comme garantie que des espérances ; encore ces espérances peuvent-elles ne pas se réaliser ; il peut mourir avant ses parents ; il peut être pourvu d’un conseil judiciaire ; ses parents peuvent vivre vingt ans, trente ans ; vous Voyez combien les conditions sont mauvaises ; je ne dis pas cependant qu’elles soient telles qu’il faille considérer ce prêt comme impossible, je dis seulement que je dois consulter mes clients, car je ne suis qu’un intermédiaire ; et je dis encore que cette absence de garantie rendra probablement le loyer de l’argent assez cher, car on le proportionnera au risque couru.

Il ne fallut pas longtemps à Brazier pour consulter ses clients, et le surlendemain il communiqua à Léon la réponse que celui-ci attendait, sinon avec inquiétude, il avait prévu que l’affaire se ferait, au moins avec une curiosité impatiente de savoir quelles en seraient les conditions.