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chand de vin, boulanger, ete., ete., avec le chiffre de ce qui était dû à chacun, il écrivait ces noms et ces chiffres sur son carnet ; quand elle eut fini, il fit l’addition de ces chiffres alignés les uns au-dessous des autres :

67, 694 francs.

Louise qui, sans en avoir l’air, l’observait du coin de l’œil, vit sa mine s’allonger.

En effet, le total était un peu fort ; de plus à ces 67, 694 fr. il fallait ajouter les 27, 500 de Carbans, ce qui donnait un total général de 95, 194 fr. pour les dettes de Cara. Mais ce qu’il fallait payer pour Cara ne serait nullement le total de ses dettes à lui. Pour payer 27, 500 fr. à Carbans, il avait emprunté 60, 000 fr. à Rouspineau ; combien faudrait-il qu’il empruntât pour payer ces 67, 694 fr ? Au moins 100, 000 fr. C’est-à-dire que sa dette à lui serait de 160, 000 fr. ; et ce chiffre devait donner à réfléchir.

Après avoir emprunté, il faudrait payer. Où prendrait-il ces 160, 000 francs ?

Une pareille question pouvait très-justement allonger la mine. Jusqu’à ce moment Léon n’avait point eu de dettes. Il avait vécu facilement avec la très-large pension que lui faisaient ses parents, et quand il s’était trouvé arriéré de quelques milliers de francs, il n’avait eu qu’un mot à dire à son père pour que celui-ci les lui donnât ; cela rentrerait dans les frais généraux auxquels la maison Haupois-Daguillon était tenue : noblesse oblige.

Mais de quelques milliers de francs à 160, 000 francs, la marge est large, et n’y avait pas à espérer que son père continuât maintenant à se montrer aussi facile.

Malheureusement de pareilles réflexions étaient à