Page:Malot - Cara, 1878.djvu/229

Cette page n’a pas encore été corrigée

n’avais attendu la hausse de mes Docks de Naples et de mes Mines du Centre qu’on m’annonçait comme prochaine ; elle commence, on parle d’une fusion pour les mines ; dans quelque temps, prochainement, je serai débarrassée de cet huissier.

— Laisse-moi t’en débarrasser tout de suite.

— Restons-en là ; cet huissier sera payé, sois tranquille ; pourquoi soulever entre nous une cause de désaccord ? tu aimes donc bien les querelles ? Si tu veux quereller à toute force, choisis au moins un autre sujet.

Il avait insisté : elle s’était fâchée.

Alors lui aussi s’était fâché, et il lui avait représenté les raisons personnelles qui l’obligeaient à ne pas la laisser exposée aux poursuites des huissiers : sa dignité, son honneur étaient en jeu.

Tout d’abord, elle n’avait pas voulu l’écouter ; mais peu à peu elle s’était laissé toucher par les raisons qu’il lui donnait ; assurément il était désagréable pour lui qu’on dît que sa maîtresse était poursuivie ; mais ne serait-il pas plus désagréable, déshonorant pour elle qu’on dît qu’elle l’exploitait et le ruinait, ce qui arriverait infailliblement s’il payait des dettes qui, en réalité, n’étaient pas les siennes ?

Elle ne pouvait donc pas céder à ce qu’il lui demandait, et elle ne céderait pas : tout ce qu’elle pouvait faire pour lui, c’était de vendre ses Docks de Naples et ses Mines du Centre, sans attendre la hausse ; sans doute ce serait une perte d’argent, mais elle lui ferait ce sacrifice de bon cœur.

Ce fut à son tour de résister : il ne pouvait pas accepter un pareil sacrifice.