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appartenaient à tous les mondes, au vrai comme au faux, au bon comme au mauvais. Les uns venaient chez elle par habitude, les autres parce qu’elle avait un nom, ceux-ci parce quelle était une femme désirable, ceux-là pour rien, pour aller quelque part où l’on s’amuse, où l’on est libre, et où de temps en temps on trouve un bon dîner. Pour tous il était l’amant en titre et si les huissiers saisissaient sa maîtresse, c’était exactement comme s’ils le saisissaient lui-même, avec cette circonstance aggravante qu’il la laissait aux prises avec eux, tandis qu’il n’y était pas lui-même.

Or, comme il avait cet amour-propre bourgeois de ne pas vouloir entretenir des relations avec messieurs les huissiers, il fallait qu’il payât tout ce que Cara devait ; dans sa position cela serait peut-être assez difficile ; car ce qu’il s’était réservé sur le prêt de Rouspineau était dépensé depuis longtemps, mais il aviserait, il trouverait, il ferait un nouvel emprunt à Rouspineau.

Il s’expliqua donc avec Cara, bien entendu en respectant l’engagement pris avec Louise ; il avait trouvé dans l’antichambre un monsieur qui avait la tournure d’un huissier et il désirait savoir ce que cet huissier venait faire.

Cara, qui ne se troublait pas facilement, avait rougi en entendant cette question nettement posée, elle avait voulu se lancer dans de longues explications ; mais s’étant coupée deux ou trois fois sans pouvoir se reprendre, elle avait été obligée à la fin, et à sa grande confusion, d’avouer qu’il y avait en effet un huissier qui la poursuivait.

— santais payé depuis longtemps déjà, car je n’aime pas plus que toi les huissiers, sois-en certain, si je