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questions d’argent entre eux, cela avait été nettement formulé ; elle lui avait seulement montré les valeurs dont se composait son avoir ; mais en agissant ainsi elle n’avait eu qu’un but, se renseigner sur ces valeurs et, lui demander conseil ; Léon, qui n’était pas lui-même bien au courant des choses financières, avait dû interroger quelques personnes compétentes, et il avait eu le très-vif chagrin de venir dire à sa maîtresse que ce qu’elle considérait comme une fortune n’était qu’un ensemble de titres dépréciés et qui pour la plupart même n’étaient pas réalisables.

Cara avait reçu cette mauvaise nouvelle sans en être trop vivement affectée, et cela non pas parce qu’elle l’attendait (elle était loin d’avoir une pareille pensée), mais parce qu’elle savait par expérience que des valeurs déclarés mauvaises par des gens de Bourse peuvent devenir, à un moment donné, une source de fortune : il n’y a pas de femme dans le monde auquel appartenait Cara qui ne connaisse l’histoire de ce prince qui fit cadeau à une de ses maîtresse de quelques titres de propriété sur lesquels les juifs de son royaume ne voulaient rien prêter, et qui, du jour au lendemain, quand on commença à exploiter les sources de pétrole, valurent plusieurs millions ; aussi toutes croient-elles volontiers que des actions qui ne sont pas cotées cinq francs à la Bourse rapporteront dans un avenir prochain plusieurs centaines de mille francs de rente : ce sont leurs billets de loterie, et elles y tiennent.

Ce fut par Louise que Léon connut la situation vraie de Cara : interrogée par lui, la fidèle femme de chambre commença par se défendre de parler, mais elle finit par tout dire :