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fois la vanité et l’amour-propre ; par contre, elle enfièvre bien souvent la jalousie d’un amant.

Assurément Léon ne croyait pas, ne croyait plus tout ce qu’il avait entendu dire de Cara ; maintenant qu’il la connaissait, il savait mieux que personne ce que valaient les histoires racontées sur son compte et sur ses prétendus amants ; mais cependant ses audaces de réhabilitation n’allaient pas jusqu’à la faire immaculée ; elle avait été aimée, elle avait eu des liaisons.

Toutes étaient-elles rompues ?

Où allait-elle ?

Pourquoi s’enveloppait-elle de tant de précautions pour cacher ses absences ?

Certainement elle était intelligente et fine, mais lui-même n’était ni naïf ni aveugle, et il ne lui avait pas fallu longtemps pour voir qu’elle n’était pas sincère dans les explications qu’elle lui donnait et qu’il ne lui demandait pas.

Quand même elle ne se serait pas troublée (et sont trouble prouvait bien qu’elle n’était pas aussi rouée qu’on le prétendait), Louise l’eût éclairé par son embarras, lorsque, rentrant à l’improviste, il l’interrogeait et n’obtenait d’elle que des réponses évasives, telles qu’en peut faire une femme de chambre dévouée qui ne veut pas trahir sa maîtresse.

Tout cela formait un ensemble de faits qui n’étaient que trop significatifs et qui pour lui ne s’expliquaient pas.

En effet, comment expliquer que Cara sortait tous les dimanches depuis midi jusqu’à sept heures du soir ? Elle était pieuse, cela était vrai, et bien qu’elle se cachât pour dire ses prières, et qu’elle eût placé son prie-