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paraissait sage de garder intacte l’autorité paternelle pour ce moment, au lieu de la compromettre dans des enfantillages. Un seul point était urgent à l’heure présente : c’était de surveiller Léon et, autant que possible, de le retenir à la maison de commerce, de façon à ce qu’il ne donnât pas trop de temps à Cara, et sur ce point il fut très-net avec son fils.

Léon eût voulu faire ce que son père lui demandait, car il se sentait en faute vis-à-vis de ses parents, mais ce qu’on attendait de lui et ce que lui-même voulait était par malheur impossible.

Son père et sa mère savaient bien qu’il les aimait et il n’avait pas à leur prouver son affection, tandis que, par le seul fait de sa position auprès de Cara, il était obligé de faire à chaque instant, à propos de tout comme à propos de rien, la preuve de son amour.

La situation en effet avait été nettement dessinée par elle :

— Il est bien entendu, mon cher Léon, que je ne veux pas de ton argent, lui avait-elle dit le jour où il lui avait apporté le cadeau qu’il avait payé avec l’emprunt de Carbans. Tu m’as débarrassée de cet horrible Carbans, et j’ai accepté ce service parce que je le considère comme un prêt que prochainement je pourrai te rembourser. J’ai des valeurs dont la négociation est en ce moment difficile, mais qui à un moment donné redeviendront ce qu’elles sont en réalité, excellentes ; je te les montrerai et tu verras que je ne me trompe pas. J’accepte aussi ce cadeau, parce que c’est le premier que tu me fais, parce que ce serait te peiner que de le refuser, et enfin parce qu’il marquera une date