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d’ailleurs Léon n’est pas perdu, je le surveillerai ; et, s’il le faut, je lui parlerai. En tout cas, il y a un moyen d’empêcher les choses d’aller trop loin. Puisque Cara est une femme d’argent, je tiendrai Léon serré, et alors elle s’en fatiguera bien vite.

— À moins que Léon ne trouve des prêteurs, ce qui, vous le savez comme moi, ne lui sera pas bien difficile ; qui refusera un billet signé Haupois-Daguillon ?

— Allons, décidément je parlerai à Léon.

IX

Bien que M. Haupois voulût parler à son fils, il ne lui parla point ; la situation n’était pas assez franche pour qu’il l’affrontât volontiers, sans raisons décisives sur lesquelles il pût s’appuyer ; si Léon devait faire des folies pour Cara, il n’en avait point encore fait.

Il valait donc mieux ne pas se hâter et attendre pour voir quelle tournure les choses prendraient. On ne fait des folies pour une femme que lorsqu’on l’aime, et par cela que Léon était l’amant de Cara, il n’était nullement démontré qu’il l’aimât ; cette liaison pouvait très bien n’être qu’un caprice, et il n’était pas de sa dignité de père de famille d’intervenir dans une amourette. Lorsqu’il avait été question d’un sentiment sérieux, il n’avait pas hésité à agir : bien que cela parût peu probable, ce sentiment pouvait redevenir menaçant, et il