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naître Cara, mieux que de longues explications. Vous Voyez de quoi elle est capable, et quelle est sa résolution, quelle est son audace quand on l’attaque.

Et M. Haupois-Daguillon resta un moment absorbé dans la réflexion ; depuis quelques instants déjà, il avait perdu le sourire de confiance et d’assurance avec lequel il avait abordé cet entretien.

— J’allais oublier de vous dire que Cara a une sœur aînée, Isabelle. Toutes deux ont suivi la même carrière ; mais, tandis qu’Isabelle a demandé la fortune au monde de la politique et de l’administration, ce qui lui a valu de puissantes protections, Cara l’a demandée au monde commercial et financier. Après l’expérience du duc de Carami, qui avait mal fini, elle s’est adressée aux fils de famille de la haute banque et du haut commerce, trouvant là des avantages moins brillants peut-être que ceux que rencontrait sa sœur, mais à coup sûr plus sérieux et plus productifs. Vous donner la liste des gens à la fortune desquels elle a fait une large brèche m’est difficile en ce moment ; mais nous trouverons des noms si vous en désirez.

— Alors elle doit être riche ?

— Elle l’était, mais elle s’est fait ruiner en ces derniers temps par un aventurier qu’elle voulait épouser. C’est le juste retour des choses d’ici-bas.

— Tout ce que vous me dites-là est assez effrayant.

— Aussi avez-vous eu grand tort de vous réjouir en pensant que Cara le guérirait de Madeleine ; il y a des remèdes gui sont pires que le mal ; et cette chère Madeleine n’était pas un mal. Ah ! la pauvre fille, que n’est-elle là pour nous sauver !

— Elle serait là que je n’accepterais pas son secours ;