répondre s’il le voulait, car le nom de Cara lui fit faire une grimace tout à fait significative.
— Vous savez qu’elle est la maîtresse de Léon ? demanda M. Haupois.
— On le dit ; mais je n’en sais rien.
— Ne faites pas le discret, mon cher, vous ne vaudrez pas une mercuriale à mon fils en m’apprenant ce que vous savez. À vrai dire, et tout à fait entre nous, je ne suis pas fâché de cette liaison.
— Ah ! vraiment.
— Entendons-nous : certainement je suis offusqué de voir un homme comme Léon, beau garçon, intelligent, distingué, mon fils, qui pourrait prendre des maîtresses où il voudrait, devenir l’amant d’une lorette, d’une courtisane à la mode ; oui, très-certainement cela me blesse ; mais enfin, d’un autre côté, ce n’est pas sans un sentiment de soulagement que je vois Léon échapper à l’influence sous laquelle il était ; — Cara le guérira de Madeleine.
— Moi, mon cher, je ne vois pas du tout les choses à votre point de vue, et je ne peux pas me réjouir de voir Léon l’amant de Cara.
— Vous la connaissez ?
— Je sais d’elle ce que sait tout Paris, et voilà pourquoi je suis jusqu’à un certain point effrayé de penser que Léon va subir son influence. N’oubliez pas comment Léon a été élevé et quelles étaient ses dispositions dans sa première jeunesse.
— Il me semble que Léon a été aussi bien élevé qu’il pouvait l’être.
— Certainement, mais rappelez-vous ses admirations de collégien pour ces femmes qui, à un degré