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— Sois tranquille, je n’aurai pas de peine à la renvoyer, elle ne demande que cela.

— De quoi se plaint-elle ?

— De tout, du vin qu’on prend à mesure et au litre, du charbon qu’on achète au sac plombé, mais principalement de la viande que tu veux qu’on aille chercher à la Halle en ne prenant que celle de basse qualité.

— Il faudrait la nourrir avec des morceaux de choix peut-être ; moi j’ai dîné pendant trois ans avec les restes que j’achetais aux garçons de salle des Invalides pour deux sous.

— Elle aurait voulu gagner sur tout ; l’autre jour je l’entendais dire à la concierge : « Il n’y a rien à faire ici, madame est trop bonne pour sa famille, elle veut qu’on lui donne les restes. »

— Pardi ; et ni mon oncle ni ma tante ne font les difficiles, ils ne se plaignent pas que la viande est de basse qualité. Tu me débarrasseras donc de Françoise.

— Celle qui la remplacera sera peut-être aussi difficile qu’elle ; une cuisinière économe ne se trouve pas du premier coup.

— On ne fera plus d’économie, sans rien gaspiller on prendra le meilleur ; tu veilleras à cela. Mais assez pour aujourd’hui, il se fait tard.

Et Cara se mit au lit.

Le lendemains, Carbans, ainsi qu’elle l’avait prévu, arriva pendant qu’elle était en tête en tête avec Léon, et, comme elle l’avait prévu aussi, exaspéré par Louise il força la porte du salon où il entra la menace à la bouche.

Cara courut au devant de lui pour lui imposer silence, mais en quelques paroles il dit tout ce qu’il avait