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— Tu sais que Carbans doit revenir demain soir dit-elle.

— Je ne l’ai pas oublié.

— Tu as des fonds ?

— Pas le premier sou.

— Mais alors ?

— Alors il sera payé.

— Avec quoi ? par qui ?

— Avec quoi ? Avec de l’argent ou avec des lettres de change, je ne puis préciser. Par qui ? Par M. Léon Haupois-Daguillon qui sort d’ici.

— Alors il paye d’avance, M. Léon Haupois-Daguillon ?

— Parbleu ! M. Léon Haupois est d’une espèce particulière, l’espèce sentimentale ; le sentiment, c’est le grand ressort qui chez lui met toute la machine en mouvement. Et vois-tu, ma bonne Louise, pour conduire les gens, il n’y a qu’à chercher et à trouver leur grand ressort ; une fois qu’on les tient par là, on les manœuvre comme on veut.— Ne me tire pas les cheveux.— Si j’avais brusqué les choses de telle sorte que Léon, mon amant depuis deux ou trois jours seulement, eût dû payer 27, 500 francs à Carbans, il eût très-probablement été blessé, et il eût très-bien pu se dire que je ne l’avais accepté que pour battre monnaie sur son amour ; — de là, réflexion, déception, humiliation et finalement séparation dans un temps plus ou moins rapproché. Or, cette séparation je n’en veux pas.

— Mais Carbans ?

— Carbans viendra demain à neuf heures, Léon sera avec moi ; tu défendras ma porte de manière à ce que