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nais vous êtes celui vers qui je me sens la plus tendrement attirée. Mais l’heure n’a pas sonné de mettre ma main dans la vôtre, et j’espère que vous m’estimez trop pour me croire capable de dicter à mes lèvres un langage qui ne viendrait pas de mon cœur. À ma place, une coquette vous dirait peut-être qu’elle ne veut pas que vous lui parliez de votre amour. Moi, qui ne suis ni coquette ni prude, je vous dis, au contraire, parlez m’en souvent, parlez m’en toujours.

Puis, s’interrompant pour lui tendre les deux mains :

— Et j’ajoute : faites-vous aimer.

VII

Contrairement à ce qui se voit le plus souvent dans le monde auquel Cara appartenait, Louise, la femme de chambre de celle-ci, était laide et d’une laideur repoussante qui inspirait la répulsion ou la pitié, selon qu’on était dur ou compatissant aux infortunes d’autrui.

Si Cara avait pris et conservait chez elle une pauvre fille que la petite vérole avait défigurée, ce n’était point par un sentiment de prudente jalousie ou pour avoir à ses côtés un repoussoir donnant toute sa valeur à son teint blanc, velouté, vraiment superbe, qui pour le grain de la peau (la pâte comme diraient les peintres), rappelait les pétales du camellia. Elle n’avait pas de