Page:Malot - Cara, 1878.djvu/193

Cette page n’a pas encore été corrigée

lui dire que M. Léon Haupois-Daguillon l’attendait dans le salon.

Moins de deux minutes après son entrée Cara le rejoignait, vêtue d’un simple peignoir :

— Eh bien ! s’écria-t-elle d’une vois tremblante, que se passe-t-il donc ?

Mais il lui montra un visage souriant.

Alors elle le regarda curieusement de la tête aux pieds, ne comprenant rien au désordre de sa toilette et à la poussière qui couvrait ses bottines.

— D’où venez-vous donc ? demanda-t-elle.

— Du bois de Boulogne, où j’ai passé la nuit.

— Ah ! mon Dieu !

— Rassurez-vous, il s’agissait seulement d’un examen de conscience, — de la mienne, que j’ai fait sérieusement dans le recueillement et le silence.

— Vous ne me rassurez pas du tout.

— C’est la conclusion de cet examen que je viens vous communiquer si vous voulez bien m’entendre.

Et, la prenant par la main, il la fit asseoir près de lui, devant lui :

— Vous êtes trop fine, dit-il, pour n’avoir pas remarqué que je suis parti d’ici hier soirfort troublé, profondément ému : ce trouble et cette émotion étaient causés par un sentiment qui a pris naissance dans mon cœur. Avant de m’abandonner à ce sentiment, j’ai voulu sonder sa profondeur et éprouver quelle était sa solidité ; voilà pourquoi j’ai passé la nuit à marcher en m’interrogeant, et ça été seulement quand j’ai été fixé, bien fixé, que je me suis décidé à venir vous voir si matin pour vous dire… que je vous aime.

Il lui tendit la main ; mais Cara, au lieu de lui don-