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— Savez-vous à quelle heure part l’express pour Caen ?

— À neuf heures.

— Quelle heure est-il présentement ?

— Huit heures quarante.

— Allez vite ; trouvez-moi un bon cheval ; quand la voiture sera à la porte, courez rue de Rivoli et mettez-moi dans un sac à main du linge pour trois ou quatre jours, puis revenez en vous hâtant de manière à me remettre ce sac.

Tout en donnant ces ordres d’une voix précipitée, il s’était mis à sa toilette ; en quelques minutes il fut habillé et prêt à partir.

Alors, sortant vivement de sa chambre, il passa dans les magasins et se dirigea vers la caisse :

— Savourdin, je pars.

— C’est impossible. J’ai des signatures à vous demander.

— Vous vous arrangerez pour vous en passer.

Le vieux caissier leva au ciel ses deux bras par un geste désespéré, mais Léon lui avait déjà tourné le dos.

— Monsieur Léon, cria le bonhomme, monsieur Léon, je vous en prie, au nom du ciel…

Mais Léon avait gagné le vestibule et descendait l’escalier.

Au moment où il franchissait la porte cochère, une voiture, avec Joseph dedans, s’arrêtait devant le trottoir.

— À la gare Saint-Lazare ! dit Léon, montant brusquement dans la voiture, et aussi vite que vous pourrez !

Le cheval, enlevé par un vigoureux coup de fouet, partit au grand trot ; aussitôt Léon voulut reprendre la