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ou lui avait affadi le cœur, et elle avait besoin de se réconforter ; les infusions calmantes n’étaient pas le remède qui lui convenait présentement.

Après ce frugal souper, elle regagna sa chambre ; mais, avant de se coucher, elle atteignit un réveil-matin, dont elle plaça l’aiguille sur huit heures ; puis, après l’avoir remonté, elle se mit au lit et, dix minutes après, elle dormait d’un profond sommeil, dont le calme et l’innocence étaient attestés par la régularité de la respiration.

Elle dormit ainsi jusqu’au moment où partit la sonnerie du réveil ; alors, sans se frotter les yeux, sans s’étirer les bras, elle sauta à bas de son lit comme une femme de résolution ou d’humeur facile.

En un tour de main elle fut habillée, chaussée, coiffée, et elle sortit.

Arrivée rue du Helder, elle monta au second étage d’une maison de bonne apparence et sonna ; un domestique en tablier blanc vint lui ouvrir.

— Monsieur Riolle.

— Mais monsieur n’est pas visible.

— Il n’est pas seul ?

— Oh ! madame peut-elle penser ? monsieur travaille…

— Alors, c’est bien ; j’entre.

Et, sans se laisser barrer la passage, elle se dirigea par un étroit et sombre passage vers une petite porte qu’on ne pouvait trouver que quand on la connaissait bien.

Elle la poussa et se trouva dans un cabinet de travail encombré de livres et de paperasses éparpillées partout sur le tapis et sur les meubles. Devant un bureau, un