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lequel elle brillait lui inspirait le plus profond dégoût. Elle crut avoir trouvé dans un homme intelligent, plein d’ardeur pour le travail, ambitieux, un mari qui lui donnerait dans le monde le rang dont elle ne se croyait pas tout à fait indigne. Elle sacrifia à cet homme la plus grande partie de ce qu’elle possédait ; et trop tard elle s’aperçut qu’elle s’était trompée sur lui. De toutes les blessures qui sont frappée, celle-là a été la plus douloureuse, non pas qu’elle aimât cet homme, — elle n’a jamais aimé que celui qui est mort dans ses bras ; — mais elle aimait l’honneur et la dignité de la vie, et c’était sur la main de cet homme qu’elle avait compté pour les atteindre.

Voilà l’histoire de la pauvre fille de la vallée de Montmorency. J’ai tenu à vous la dire pour que vous sachiez bien ce qu’est la femme à qui vous avez témoigné tant de bonté, non Cara, mais Hortense. »

Disant cela, elle lui tendit la main, et quand il lui eut donné la sienne, elle la serra doucement.

— Maintenant, dit-elle, j’ai dans le cœur et dans l’esprit des idées, qui m’empêcheront de penser à ces malheureux acrobates ; je vous demande donc de rentrer chez vous ; je ne veux pas vous faire passer la nuit entière.

— Mais…

— Si demain vous pensez encore à moi et si vous voulez bien venir savoir quel a été l’effet de vos bons soins, je serai ici toute la journée.

— À demain alors.