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en or pour un de ses paletots, avec sa couronne de baronne gravée sur chaque bouton ; c’est très-joli.

— Ridicule de parvenu, mon cher, voilà tout ; on fait porter ses armes par ses valets, on ne les porte pas soi-même.

Un coup de sonnette interrompit cette conversation.

III

Lorsque Joseph entra dans la chambre de son maître, celui-ci était debout, le dos appuyé contre un des chambranles de la fenêtre, occupé à allumer une cigarette : les manches de la chemise de nuit retroussées, le col rejeté de chaque côté de la poitrine, les cheveux ébouriffés, il apparaissait, dans le cadre lumineux de la fenêtre, comme un grand et beau garçon, au torse vigoureux, avec une tête aux traits réguliers, harmonieux, aux yeux doux, à la physionomie ouverte et bienveillante.

— Une lettre pour monsieur, dit Joseph. L’adresse porte : « Personnelle et pressée. »

— Donnez, dit-il nonchalamment.

Mais aussitôt qu’il eut jeté les yeux sur l’adresse, l’intérêt remplaça l’indifférence.

— Vite une voiture, s’écria-t-il en jetant cette lettre sur la table, un cheval qui marche bien ; courez.

Comme Joseph se dirigeait vers la porte, son maître le rappela :