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qui l’aimait. Car il l’aimait passionnément, et la meilleure preuve en est dans ce nom de Cara qu’il lui donna et qu’elle a depuis porté.

Elle s’arrêta avec une sorte de confusion, puis se mettant à sourire :

— santais voulu garder la forme impersonnelle dans mon récit, dit-elle, mais, bien que je me sois coupée nous la reprendrons si vous le permettez.— Je ne puis pas te faire duchesse ni te donner mon nom, lui dit-il, mais je veux t’en donner une part, et désormais tu t’appelleras Cara. Ils s’aimèrent pendant quatre ans. Et ce fut ainsi qu’Hortense devint à la mode. Était-il possible qu’il en fût autrement pour la maîtresse d’un homme comme le duc, sur qui tout Paris avait les yeux ? Le duc, vous devez le savoir, était poitrinaire, et la vie à outrance qu’il menait ruinait sa faible santé. Les choses en vinrent à ce point qu’on lui ordonna le séjour de Madère. Hortense l’y accompagna. Il s’y ennuya et voulut revenir. En bateau, il mourut dans les bras de celle qu’il aimait ; et ce fut son cadavre qu’elle ramena à Paris.

Elle s’arrêta, la voix voilée par l’émotion ; mais après quelques minutes elle continua :

— Le duc par son testament lui avait laissé une grosse part de ce qui restait de sa fortune. Ce testament fut attaqué par la duchesse de Carami, remariée à cinquante-trois ans avec un jeune homme de trente ans, et il fut cassé par la justice pour captation. Vous avez dû entendre parler de ce procès, qui a été presque une cause célèbre, je ne vous en dirai donc rien qu’une seule chose : il avait, cela se conçoit de reste, appelé l’attention sur Hortense, et si elle avait voulu donner