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vais vous faire cette infusion, puisque je suis votre garde-malade ; pas de refus, je vous prie.

— Vous y mettez trop de bonne grâce pour que j’ose vous résister ; passons dans mon cabinet de toilette où nous trouverons ce qui nous sera nécessaire.

Ce cabinet de toilette était aussi grand que la chambre, mais meublé dans un tout autre style, plein d’élégance et de coquetterie ; ce qui attira surtout l’attention de Léon, bien plus que le satin, les brocatelles et les dentelles, ce furent les ferrures, les serrures, les bordures des glaces, et tous les objets de toilette qui étaient en argent niellé ; — il y avait là un luxe aussi remarquable par le dédain de la valeur de la matière première que par le goût et l’art de l’ornementation ; aussi, malgré le peu d’estime que Léon professait pour le métier auquel il devait sa fortune, fut-il gagné par un sentiment d’admiration ; cela était vraiment charmant et original.

Pendant qu’il regardait autour de lui, Cara avait atteint une lampe, une bouilloire et un petit flacon sur le ventre duquel on lisait : « tilleul ».

— Voici ce qu’il nous faut, dit-elle.

Aussitôt Léon emplit la bouilloire et alluma la lampe.

Quant à Cara, elle s’étendit sur un large canapé en satin gris et se cala la tête avec deux coussins : elle paraissait à bout de force, ses dents claquaient.

— Puisque vous voulez bien me soigner, dit-elle, — et j’avoue que j’ai grand besoin de soins, — soyez donc assez bon pour me donner un châle, je suis glacée ; vous en trouverez un dans cette armoire.

Il prit ce châle dans l’armoire qu’elle lui désignait