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— C’est un homme.

— Mais non, c’est une femme.

Otto dans son maillot rose ne paraissait avoir d’autre souci que de faire des effets de muscles : il bombait sa poitrine en cambrant sa taille ; il tenait ses bras à demi pliés pour faire saillir les biceps, et il tendait la jambe en promenant sur le public un regard glorieux qui disait clairement : « Admirez-moi. » Quant à Zabette, revêtu d’un maillot gris brillant comme l’acier poli, il gardait une attitude plus simple, et ses grands yeux noirs, au lieu de se fixer sur le public, regardaient en dedans.

Deux cordes descendirent de la coupole dans l’arène, chacun d’eux se suspendit à celle qui lui était destinée, et, sans qu’ils fissent un mouvement, on les hissa jusqu’à leur trapèze.

Ils en saisirent les cordes et s’assirent sur leur bâton, vis-à-vis l’un de l’autre ; Zabette portant ses doigts à sa bouche, envoya un salut, un baiser à Otto.

Instantanément un silence absolu s’établit dans toute la salle ; de l’arène au cintre les respirations s’arrêtèrent, bien des cœurs cessèrent de battre.

Ils étaient dans l’espace et, comme des oiseaux, ils volaient de trapèze en trapèze : Otto remplissait le rôle de la force, Zabette celui de la légèreté.

Deux ou trois fois, pendant qu’ils passaient devant eux, Cara détourna la tête comme si elle était trop émue pour les suivre ; elle était justement placée devant Léon, et en se détournant ainsi elle le frôlait aux genoux avec ses épaules.

Les gymnastes avaient terminé la partie gracieuse de leurs exercices ; mais, après les applaudissements don-