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mode aussi de s’arracher Otto qui sans maillot était plus merveilleux encore.

Quant au nom de Zabette, il était nouveau à Paris ; mais, grâce aux journaux « bien informés », on avait bientôt su que Zabette était un jeune créole qu’Otto avait rencontré en Amérique, et dont il avait fait son élève pour l’associer à ses exercices. Puis d’autres journaux, « mieux informés encore », avaient raconté que ce jeune Zabette, bien que portant des vêtements d’homme, était en réalité une jeune fille qui adorait son maître. Et pendant huit jours la question de savoir si ce Zabette était un garçon ou si cette Zabette était une fille avait suffi pour occuper la badauderie parisienne, toujours prête à rester bouche ouverte, attentive et curieuse, devant ceux qui connaissent l’art, peu difficile d’ailleurs, de l’exploiter.

C’était assez, on le comprend, pour que cette rentrée d’Otto et ce début de Zabette fussent un événement. À deux heures toutes les premières étaient louées, et le soirles bureaux n’ouvraient que pour les places hautes, demandées par des gens qui ne voyaient dans Otto que le gymnaste et que leur honnêteté bourgeoise préservait de la curiosité de chercher à savoir si Zabette était un jeune garçon on une jeune fille.

À huit heures et demie, devant une salle à moitié remplie pour les places louées et comble pour les autres, le spectacle commençait par les exercices ordinaires des cirques français, anglais, américains ou espagnols, des Champs-Élysées ou d’ailleurs : Jupiter, cheval dressé et présenté en liberté ; entrée comique ; Jeanne d’Arc, scène à cheval.

Qu’il s’agisse d’une première représensation aux