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Qu’était devenue Madeleine ? où le désespoir avait-il pu l’entraîner ?

Il continuerait ses recherches à Paris, et il les ferait poursuivre par des gens capables de les mener à bonne fin.

Si grandes que fussent ses inquiétudes, il ne voulait pas cependant parler de Madeleine à son père ni à sa mère ; mais celle-ci vint lui en parler elle-même.

— Tu n’as rien appris sur Madeleine ? lui demanda-t-elle ?

Il secoua la tête par un geste désolé.

— Je crois que tu aurais pu t’épargner ce voyage à Rouen ; comme toi, nous avons été inquiets pendant les premiers jours qui ont suivi le départ de Madeleine ; mais, en raisonnant, nous avons compris que nous nous tourmentions à tort : Madeleine ne possède rien, elle n’a même pas un métier aux mains ; dans ces conditions pour qu’elle ait quitté une maison, où elle était heureuse et où elle était aimée, il fallait qu’elle fût certaine d’en trouver une autre où elle serait et plus heureuse et plus aimée encore.

Léon, qui était assis, se leva si brusquement qu’il renversa sa chaise, puis il s’avança vers sa mère, pâle et les lèvres tremblantes.

Mais, prêt à parler, il s’arrêta.

Puis, après quelques secondes, qui parurent terriblement longues à madame Haupois, il tourna vivement sur ses talons et sortit.

On fut quinze jours sans le revoir, et, pendant ces quinze jours, il n’écrivit pas à ses parents : où était-il ? personne n’en savait rien.