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— Eh bien, je les ferai aboutir, moi.

— Tu n’as pas l’intention de nous ramener Madeleine chez nous, n’est-ce pas ? nous ne la recevrions pas.

— Tu lui fermerais ta maison ?

— Quoi qu’il arrive, jamais elle ne rentrera ici.

— Quand tu m’as demandé de partir pour Madrid, j’ai cédé à ton désir qui, tu le sais, n’était pas d’accord avec le mien. Je l’ai fait pour toi et pour ma mère. Mais je l’ai fait aussi pour Madeleine, afin qu’elle pût rester dans cette maison, près de vous qui l’aimeriez et la consoleriez. Puisque tu posais la question de telle sorte qu’elle ou moi devions partir, je n’ai pas voulu que ce fût elle, et je me suis exilé à Madrid, où je n’avais que faire, et où je suis resté malgré mon ennui. Mais je m’imaginais que Madeleine était heureuse, tranquille, choyée, aimée, c’est-à-dire consolée, et je ne parlais pas de revenir à Paris. Au lieu de la consoler, vous avez voulu la marier.

— Nous avons voulu assurer son avenir, comme c’était notre devoir.

— Et le mien, vous l’avez oublié. Ma mère et toi vous saviez quelles étaient mes intentions à l’égard de Madeleine, quels étaient mes sentiments.

Parlant ainsi, il avait fait un pas en arrière du côté de la porte.

— Où vas-tu ?

— Chercher Madeleine.

— Je t’ai dit qu’elle ne rentrerait jamais dans cette maison.

— Ce n’est pas pour qu’elle rentre dans cette maison que je dois la chercher et la trouver.

— Léon !