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enlacée par l’Italien qui l’assassina de son baragouin, et de guerre lasse elle finit par signer «  petit engazement » qu’il avait préparé.

— Maintenant, dit Sciazziga, lorsqu’il eut donné un double de l’engagement et qu’il eut serré l’autre, nous avons encore oune pétite çose à arranger. Qué c’est relativement à votre vie avec nous ; ça s’écrit pas parce qué nous sommes des gens d’honnour, mais ça sé dit. Vous êtes orpheline, vous n’avez pas parents, alors voudrais que vous viviez avec nous ; dans notre maison, dans notre famille. Pour bien travailler, voyez-vous, il faut de la vertou ; c’est la vertou qui conserve la voix et aussi la taille des zounes personnes, quand elles sont zolies comme vous.

Et comme si ces paroles n’étaient pas assez claires, il les expliqua et les précisa par un geste arrondi qui empourpra les joues de Madeleine.

Cez nous, dans notre intérieur vous sérez protézée contre tous les dangers, toutes les sédouctions qui à Paris entourent oune joune fille ; madame Sciazziga, qui est l’honnour même, vous accompagnéra partout, aux léçons, à la promenade ; vous lozerez cez nous, sous notre clef ; vous manzerez avec nous. Vous serez notre fille. Et je vous assoure, signora, qu’il faut que zaie oune bien grande sympathie pour vous, car en azissant ainsi, vous introuduis en tiers dans notre intériour, et zé pouis le dire, madame Sciazziga et moi, nous nous adorons. Mais nous férons cela, certainement nous lé férons, pour oune personne aussi bien élevée qué vous. Cela vous convient-il ?

Madeleine avait signé tout ou à peu près tout ce que Sciazziga lui avait imposé ; mais cette vie de famille,