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né souis pas riçe. Vous votre côté, quand vous aurez oun engazement, nous en partazerons lé montant.

Prévenue par Lozès, Madeleine attendait cette proposition, et elle avait préparé sa réponse :

— Pendant combien de temps ?

Zoustement c’est la question à débattre ; il me semble honnête mettre dix ans.

— En supposant que je gagne 40, 000 fr. par an, c’est donc 200, 000 francs que vous toucherez ?

— Quarante mille francs par an ! Mettons dix mille ; c’est donc cinquante mille qué zé toucherai ; mais pour céla il faut qué vous reoussissiez, il faut qué vous viviez, et si vous mourez, ousque zé retrouverai cé qué z’aurai déboursé ? Il faut calcouler lé risque, signora. N’est- pas zouste ?

Du moment qu’une discussion s’engageait, Madeleine à l’avance était vainoue ; entre elle et ce boutiquier retors, la partie n’était pas égale ; et puis d’ailleurs elle avait cette faiblesse de trouver les discussions d’intérêt humiliantes.

Cependant, se renfermant dans ce que Lozès lui avait conseillé, elle obtint que les dix années de partage seraient réduites à cinq ; mais Sciazziga ne céda sur ce point que pour prendre avantage sur un autre : tant que Madeleine serait au théâtre, elle lui abandonnerait dix pour cent sur ses appointements, et si elle quittait le théâtre avant dix années, comptées du jour de son début, pour une cause autre que maladie grave ou perte de voix, elle payerait à Sciazziga une somme de deux cent mille francs.

Bien qu’elle fût incapable de soutenir une discussion, elle voulut se défendre, mais elle ne tarda pas à être