Page:Malot - Cara, 1878.djvu/139

Cette page n’a pas encore été corrigée

Maffoo, dit-il ; pour cela ze prie la signora de venir demain matin, roue Châteaudun, avec son touteur.

— Je n’ai pas de tuteur.

— Vous avez plous de vingt oun ans ?

— Je suis émancipée.

— Ah ! diavolo, perfetto.

Et un sourire de satisfaction fondit sa large bouche jusqu’aux oreilles ; évidemment cela faisait son affaire.

Qué zé pense que la signora voudra bien nous faire plaisir de dézouner avec nous, à onze houres ; nous causerons avant.

Elle n’avait plus qu’à remercier et à se retirer, ce qu’elle fit ; Lozès la reconduisit jusqu’au vestibule, tandis que Masseo et Sciazziga s’entretenaient à voix basse.

— Ne vous inquiétez pas, lui dit-il, l’affaire est conclue, tâchez de vous défendre demain ; à bientôt, ma chère élève.

Naturellement elle fut exacte, et à onze heures précises, le lendemain, elle entrait dans le magasin de bric-à-brac de la rue de Châteaudun. Elle y trouva une grande femme enveloppée dans un châle des Indes usé et la tête couverte d’un fichu de dentelle noire ; elle pouvait avoir cinquante ans environ et d’une ancienne beauté dont on voyait encore des traces, il lui restait un air de grandeur et de noblesse qui n’est point ordinairement le caractère distinctif des marchandes à la toilette ; mais avant d’être marchande, mise Sciazziga avait été chanteuse, et au milieu de sa boutique, drapée dans son vieux cachemire, elle était toujours Norma ou dona Anna.