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Enfin, elle allait pouvoir approcher ce maître terrible, et, tout de suite, pendant que les élèves s’empressaient joyeusement vers la porte de sortie, elle se dirigea vers le fauteurl où Lozès était resté assis.

À mesure qu’elle avança, elle se sentir enveloppée par un regard curieux.

Arrivée près de lui, elle le salua, et, comme elle avait tout son courage, elle lui expliqua bravement ce qui l’amenait :

— Je voudrais entrer au théâtre, dit-elle d’une voix qui, malgré ses efforts, était tremblante, et je viens vous demander vos leçons.

Il n’avait pas bougé de dessus son fauteurl ; la tête renversée, il la regarda un moment sans rien dire, puis, comme s’il n’était pas satisfait de son examen, il lui fit signe de reculer de quelques pas ; alors, avec son accent méridional :

— Défaites-moi un peu votre chapeau, je vous prie, et votre paletot.

Elle obéit, décidée à tout.

— Bon, dit-il après l’avoir regardée en dodelinant de la tête avec approbation, pas mal, pas mal.

Et comme elle rougissait sous ce regard qui était un outrage pour son innocence de jeune fille :

— Vous savez que vous êtes jolie, n’est-ce pas ? continua-t-il ; vous avez le type d’Ophélia, ce n’est pas mauvais, ça, et c’est rare ; marchez un peu.

Elle se mit à marcher.

— Présentez votre poitrine comme un bouquet ; les épaules effacées ; bien, cela va ; revenez. Qu’est-ce que vous savez ?

Madeleine répéta ce qu’elle avait déjà dit à Maraval.