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Heureusement pour elle, la voix de Lozès vient faire taire les vieilles :

— Silence donc dans le coin des mères, cria-t-il, fermez vos boîtes.

Le silence se fit aussitôt, et Madeleine délivrée put suivre la leçon.

L’élève chantait :

 Cour-ti-sans race vi-le… et dam-né-e
 Ren-dez-moi ma fil-le infor-tu-née.

Lozès sauta de son fauteuil.

— Mais va donc, s’écria-t-il, va donc, de la vigueur, de l’âme ; quel pot-à-feu à remuer que ce garçon-là.

Et il lui allongea un vigoureux coup de poing dans le dos.

L’élève recommença avec le même calme, exactement comme s’il donnait la bénédiction aux « cour-ti-sans race vi-le ».

Lozès était resté près de lui dans un état de violente exaspération ; tout à coup il lui allongea deux ou trois bourrades en l’apostrophant grossièrement.

Alors cet hercule, qui était dix fois plus fort que ce gros bonhomme, se mit à pleurer et à beugler :

— Je ne peux pas, ce n’est pas dans ma nature… ure… ure…

— Eh bien ! animal, si ce n’est pas dans ta nature, va-t-en beugler avec les veaux. À un autre.

Une jeune fille sortit d’un coin et s’avança auprès du fauteuil où Lozès s’était rassis : elle avait quinze ou seize ans à peine, jolie, élégante et couverte de bijoux, au cou, aux bras, aux mains.