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bonne inspiration, une idée, se présenteraient sans doute à son esprit.

Elle arriva ainsi jusqu’aux environs de la Trinité, où l’enseigne et la devanture d’un cabinet de lecture lui suggérèrent enfin ce qu’elle avait à faire. Elle entra dans ce cabinet de lecture et demanda un almanach des adresses. À l’article des professeurs et compositeurs de musique elle trouva le nom qu’elle avait vainement demandé à sa mémoire : Lozès, rue Blanche.

Ce qu’elle savait de Lozès, c’était qu’il était chanteur assez médiocre, mais par contre bon professeur : au moins jouissait-il de cette réputation ; il dirigeait une sorte de petit conservatoire où il avait pour élèves une bonne partie de ceux qui ne suivent pas les cours du vrai. Il faisait souvent jouer et chanter ses élèves en public, et plusieurs de ceux qu’il avait formés avaient obtenu des succès retentissants en ces dernières années.

Elle monta la rue Blanche jusqu’au numéro que l’almanach lui avait indiqué ; mais, n’étant plus sous l’oppression du trouble qui l’avait saisie en sortant de chez Maraval, le sentiment des dangers qu’elle courait lui revint ; si on allait la reconnaître ! et il lui semblait que chacun de ceux qui la regardaient étaient des amis ou des employés de son oncle ; alors elle assurait d’une main fébrile le voile épais qui lui cachait le visage.

L’école de Lozès était située au fond d’une cour, dans un atelier vitré qui avait servi autrefois à un photographe ; et on y arrivait de plain-pied après avoir traversé un petit vestibule, sans que personne fût dans ce vestibule pour vous recevoir ou vous annoncer.

Lorsque Madeleine eut poussé la porte de ce ves-