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athique ; elle en avait été bouleversée au contraire, et elle ne doutait point que tout cela ne fût parfaitement vrai ; mais, quand les dangers qu’on venait de lui faire toucher du doigt seraient mille fois plus terribles qu’elle ne les avait vus, ils ne pouvaient pas l’arrêter. Elle s’abaisserait en se faisant comédienne. Eh bien, ne le savait-elle pas avant d’entendre Maraval ? Plutôt que de subir cet abaissement, elle devait se marier. En théorie, cela pouvait être vrai, mais Maraval ne connaissait pas sa situation personnelle. C’était, au contraire, dans le mariage, qu’était pour elle l’abaissement le plus déshonorant.

Il fallait qu’elle fût chanteuse ; et, puisque s’était pour elle le seul moyen de ne pas laisser déshonorer la mémoire de son père et de ne pas flétrir son amour, il le fallait malgré tout et malgré tous.

C’est-à-dire que pour le moment il fallait qu’elle trouvât un maître qui la mît au plus vite en état de paraître sur un théâtre, puisque Maraval, par intérêt et par sympathie pour elle, refusait d’être ce maître.

Mais où était-il, ce maître ?

Debout devant la porte de Maraval, immobile, réfléchissant et ne trouvant rien, elle se sentait perdue dans ce Paris immense, la lumière sur laquelle elle avait tenu les yeux fixés, et qui l’avait guidée, venant de s’éteindre tout à coup.

Sa mémoire troublée ne retrouvait même plus les noms des maîtres qui quelques jours auparavant lui étaient vaguement connus.

Cependant elle ne pouvait pas rester immobile dans cette avenue, où les passants la regardaient curieusement ; elle se mit en route vers Paris. En marchant, une