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— Avec qui, je vous prie ?

Madeleine avait prévu cette question et elle avait préparé sa réponse en conséquence.

— Je ne suis pas de Paris, j’habite la province, Orléans.

— Je connais les bons professeurs d’Orléans ; est-ce Ferriol, qui a été votre maître, Delecourt, ou Bortha ?

— J’ai travaillé sous la direction de mon père, qui n’était point artiste de profession.

— Ah ! très bien, dit Maraval avec un geste involontaire qu’il était facile de comprendre.

Madeleine le comprit et vit que Maraval avait son opinion faite sur les professeurs qui n’étaient point artistes de profession ; il fallait donc effacer au plus vite et tout d’abord cette mauvaise impression.

— Voulez-vous me permettre de vous dire un morceau ? demanda-t-elle.

— Volontiers. Soprano, n’est-ce pas ?

— Oui, monsieur. Que voulez-vous ?

— Ce que vous voudrez vous-même, vous pouvez vous accompagner ?

— Oui, monsieur.

Avec une politesse où il y avait une légère nuance d’ennui, il lui montra un piano.

Elle s’assit. Autant elle s’était sentie faible quelques instants auparavant, autant maintenant elle était résolue.

Sa pensée n’était plus dans ce salon, mais plus loin, à Saint-Aubin, dans le cimetière où son père reposait, et c’était le souvenir de ce père bien-aimé qu’elle invoquait.

C’était son jugement que Maraval allait prononcer :