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main lui désigna une petite maison bâtie dans le style moitié romain, moitié égyptien, avec une décoration polychrome pour la façade.

Son cœur battit fort lorsqu’elle souleva le marteau de bronze vert appliqué sur une porte peinte en rouge étrusque. M. Maraval était occupé, il donnait une leçon et ne serait libre que dans une demi-heure. Elle attendit dans un petit salon, dont les murs étaient couverts de portraits (lithographies, photographies), offerts « à mon cher camarade, à mon cher maître, à mon cher ami Maraval ».

Au bout d’une demi-heure la porte s’ouvrit et Maraval, vêtu d’un pantalon gris et d’une redingote noire boutonnée, parut devant elle ; de la main il lui fit signe d’entrer et elle se trouva dans un vaste atelier tendu de tapisseries anciennes, dans l’ameublement duquel respirait un ordre méticuleux.

— Qui ai-je l’honneur de recevoir ? demanda Maraval en lui indiquant de la main un fauteurl.

— Mademoiselle Harol.

C’était le nom qu’elle avait choisi et sous lequel elle voulait être connue désormais, non-seulement au théâtre, mais dans le monde.

C’était à elle d’expliquer le but de sa visité, et si grand que fût son trouble, il fallait qu’elle parlât.

— Je viens, dit-elle, vous demander si vous voulez bien me donner des leçons.

Sans répondre, Maraval fit un signe qui pouvait passer pour un assentiment.

Madeleine continua :

— Je ne suis pas tout à fait une commençante, j’ai travaillé, j’ai même beaucoup travaillé.